HIV, SIDA et professions médicales
Quand on travaille dans le médical et qu'on est porteur du HIV ou atteint du SIDA, doit-on en informer nos patrons, nos collègues, nos patients ? Question épineuse cela n'est-il pas ? Que dit la loi ? Voici une brochure de l'INPES très intéressante à ce sujet.
En gros, un salarié n'est pas obligé de dire quoi que ce soit sur son état et si jamais son employeur l'apprend, il ne peut en aucun cas le renvoyer, ce serait discriminatoire.
Peut-être vous diriez-vous « moi, je préfèrerais savoir ». Si vous appreniez que votre médecin est atteint du Sida ou porteur du HIV, cesseriez-vous de le consulter ? Vous apprenez qu'un collègue est contaminé, lui tournez-vous le dos ?
Un « fait divers » en Espagne relaté dans un article du site Pour Elles m'a amenée à soulever ces questions aujourd'hui. Une alerte a été donnée le 23 septembre dernier après qu'on ait découvert qu'un médecin pratiquant des IVG serait porteur du HIV. Comme il a également avorter des patientes françaises, notre Ministère de la Santé a été informé et il recommande à ces femmes de consulter un médecin. A-t-il commis un crime ? Etait-il tenu d'avertir lui-même ses patientes de son état ? On sait que théoriquement elles ne risquent rien mais apparemment il y a quand même un risque sinon il n'y aurait pas eu d'alerte, n'est-ce pas ? Mais, afin de protéger ce médecin, qui est dans son droit, du moins s'il était français - enfin, je crois, détrompez-moi si je me trompe - n'aurait-il pas mieux valu prévenir discrètement ces dames en leur laissant le soin de choisir si oui ou non elles voulaient rendre ça publique ? Ces patientes vont-elles porter plainte contre le médecin en question pour le risque qu'il leur a fait courir en ne leur disant rien de son état ? Lui même est victime de dénonciation illégale - euphémisme ? - et est protégé par la loi car il n'était pas obligé de le leur dire. Enfin, peut-être est-ce différent en Espagne. Mais moralement parlant, n'aurait-il mieux pas fait d'aviser ses patientes, au risque de perdre son boulot ? Les femmes concernées céderont-elles à une hystérie collective...légitime ?
Ce qu'on ne nous dit pas, c'est si ce médecin était consciencieux, s'il prenait toutes les mesures d'hygiène nécessaires ou bien s'il était malveillant, s'il avait averti ses patientes ou pas. Non, on nous balance l'info comme ça, ou plutôt « l'alerte », sans plus de détails, à charge pour nous de l'interpréter comme on veut.
Que de questions ! Ca me retourne le cerveau. Un vrai casse-tête. J'avoue que je ne me suis jamais posée la question jusque là de savoir si oui ou non je préfèrerais savoir et si je sais, que ferais-je ? On peut avoir une opinion mais c'est plus facile quand on n'est pas dans la situation.
Cependant, quand je vais chez un médecin, je ne me pose pas la question de savoir s'il est « sain » ou pas. Je ne scrute pas mes collègues pour tenter de déceler un signe qui me révèlerait si celui-ci l'est ou celle-là ne l'est pas. Je ne regarde pas mon boulanger de travers en disant qu'il est peut-être infecté et que je prend un risque en mangeant la baguette qu'il m'a vendue.
Je ne tiens pas à virer parano surtout qu'il n'y a aucune raison vu qu'à part faire des galipettes non protégées avec eux ou signer un pacte du sang, je ne risque rien. Eh oui, à bas les idées reçues !
Les seules fois ou je me mets en alerte, c'est avec un nouveau compagnon ou un compagnon infidèle – oui, oui, ça arrive, désolée de vous désillusionner mesdames. Là, je ne prends pas de risques. Je me protège et je le protège. Ben vi, on n'est jamais sûr de rien, qui sait ce que le précédent a bien pu me refiler ? Je ne suis pas Wonderwoman, je ne suis à l'abri de rien.
Enfin bref, le VIH, le Sida, oui, il faut s'en protéger. Mais se lancer dans une chasse aux sorcières, faut pas déconner !
