Les patients

Publié le par Oiseau2nuit

Les patients sont des êtres humains, comme nous, faut bien le dire, et non une race à part. Et c'est comme partout, il y a des gentils, des moins gentils et des pas gentils.


Je reconnais que quand on a mal, quand les médecins ne savent pas de quoi on souffre ni quel nom mettre sur notre maladie, on peut-être à l'opposé de ce que l'on est en réalité. C'est l'instinct de survie. On ne peut pas taper physiquement sur ce qui fait mal, alors faut bien se défouler sur quelque chose de concret. En l'occurence le personnel soignant. Mais en général, avec les gentils, les excuses suivent et on n'en parle plus. C'est compréhensible et pardonnable.


Ben vi, je suis très sensible à la douleur humaine – et animal, mais là n'est pas le propos – et quelqu'un qui souffre, ben, il ne le doit pas donc on fait tout pour qu'il ne souffre plus. Il n'est pas hôpital pour rien, non ? Mais là où je suis intransigeante, c'est avec les moins gentils et les pas gentils qui souvent sont fâchés avec la politesse, vous prennent de haut au mieux ou pour des cons au pire.


Vous me direz « Ouais, les jeunes de maintenant, la politesse et eux, ça fait 2 ! » Détrompez-vous. Les pires ce ne sont pas forcément les jeunes. Vous seriez peut-être surpris d'apprendre qu'une petite maminette tout attendrissante peut se révéler être une vraie plaie pour qui vous êtes sensé être à son service. Bon d'accord, vous vous dites elle a un vécu, un passé, elle avait peut-être l'habitude d'avoir des gens sous ses ordres, elle est âgée donc total respect oui-madame-tout-de-suite madame. Mais bon, hein....


La plupart du temps, j'arrive à cerner une personne de prime abord, cela me permet de me dire plus tard, si elle dérape, que c'est dû à la douleur ou aux effets des médicaments. Mais si d'entrée de jeu, elle annonce la couleur, je recadre gentiment les choses et ça peut bien se passer par la suite. Les transmissions sont également utiles, dans le sens où, quand il y a des patients que vous ne connaissez pas encore, on vous les « classe » dans la case « chiants » donc vous savez à peu près à quoi vous attendre et vous pouvez mettre en place la tactique d'approche adéquate. Mais en générale, je préfère me faire une opinion par mi-même. Je compte beaucoup sur mon charisme et ma zen attitude (ben quoi ? Si on ne peut plus s'envoyer des fleurs !)


Souvent, la nuit, les patients ne sont pas pareils que le jour et les « chiants » du matin se transforment en agneaux la nuit. D'où les « Ah ouais ??? » émis par les collègues de jour quand on leur fait le topo de la nuit. Est-ce l'ambiance de la nuit qui permet cette transformation ? Moins de bruit, moins de passage, soignants moins stressés et plus disponibles, ambiance propice à l'intimité et aux confidences ? A voir. Je ne m'en plains pas en tout cas.


On a tous des collègues qui n'ont pas trop de patience et classent vite un patient demandeur, qui pose beaucoup de questions, qui sonne souvent ou qui est très exigeant dans la catégorie des patients "chiants". Bon. Dans notre profession aussi, il y a de tout. Reconnaissons-le. Mea Culpa. Il y en a aussi qui n'arrivent pas forcément, tout le temps, à mettre leurs soucis aux vestiaires ou bien qui arrivent à saturation (border line) car trop de boulot, trop de fatigue, etc.... sans compter ceux dont on se demande pourquoi ils font ce métier mais bon...oui, nous sommes aussi des êtres humains. Nous sommes payés pour être au service des malades, ok, mais on a droit au respect et à la considération de tout un chacun.


N
ous sommes 4 la nuit pour à peu près une soixantaine de patients. Quand on commence notre premier tour, difficile de lâcher le patient dont on s'occupe pour répondre à la seconde à tous les patients qui sonnent, souvent pour pas grand chose, alors qu'ils savent très bien que nous passerons systématiquement dans leur chambre. Eh bien, laissez-moi vous dire que certains ne comprennent pas que nous n'apparaissions pas immédiatement dans leur chambre comme le génie de la lampe magique. Ils se fichent complètement que nous soyons en train de faire quelque chose de beaucoup plus important que de leur baisser la tête du lit  ou de vider leur bassin car souvent, les plus râleurs sont ceux qui vous demandent pas grand chose. Quelqu'un qui a vraiment mal le comprendra. Paradoxal, hein ? Oui, il y a des chambres où on a plaisir à s'attarder et d'autres où on n'a qu'une envie c'est d'en sortir.


Il y a aussi les patients à demandes multiples. Ce sont ceux qui ne sont pas capables de vous demander en une fois tout ce dont ils ont besoin et qui resonnent inlassablement pour rajouter une doléance alors que vous peinez à terminer votre tour. Et il y a ceux, en général des dames âgées, qui ne savent pas trop pourquoi elles ont sonné et là, vous comprenez qu'elles ont juste besoin de compagnie. Là, on leur explique gentiment que ça va pas être possible, qu'il est temps de dormir, qu'on est là mais pas à temps plein à leur chevet.


Heureusement, la majorité des patients est sympa et c'est un vrai plaisir d'en prendre soin. Les autres, ben, c'est juste un peu de piment pour épicer nos nuits. Quand on garde notre calme et notre sourire face à l'agressivité et à la bêtise, souvent cela suffit à désamorcer le truc et si vraiment on ne peut plus se contenir, on passe le relai à un collègue, le temps de décompresser et de revenir à de meilleurs sentiments. Mais pour ça, il faut une équipe soudée, où tous les élément savent pouvoir compter les uns sur les autres, il n'y a pas d'autres secrets. Notre premier objectif est le bien-être des patients et l'assurance pour eux de recevoir une certaine qualité de soins. Peu importe leur caractère, ils seront soignés à la même enseigne que les autres mais nous nous permettrons toutefois d'exiger en retour un minimum de respect et de considération. Le client est roi mais pas omnipotent ;-))


Prochain épisode ? Euh... j'y réfléchis. D'ici là, si vous avez des anecdotes à partager, n'hésitez pas et à vos claviers ! 

Publié dans Pêle-mêle

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T
quand tu dis que ce ne sont pas forcement les plus jeunes qui sont les plus difficiles à traiter, je te comprend mille fois. Moi dans mon travail ce sont souvent les plus agés qui me causent le plus de problemes. On dirait qu'ils croient tout savoir et que leur age avancé leur donne tout les droits même celui d'être mechants et impolis avec tout le monde
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O
<br /> <br /> Voili voilou ! J'ai posté 2 nouveaux articles. Et toi, à quand un nouvel article ? Bonne Lecture !<br /> <br /> <br /> <br />