Mille et une raisons de trucider un(e) patient(e)

Publié le 12 septembre 2008 par Oiseau2nuit

On a beau être des saints dans notre métier – n'est-ce pas – mais il y a des fois, faut pas pousser. Petit florilège de situations où nous faisons appel à toute notre bonne volonté pour ne pas craquer. Liste évidemment non exhaustive.

Vous avez sonnez, que puis-je pour vous ? C'est une erreur, désolée (réponse donnée avec sourire contrit, mine gênée et parfois étonnement, genre je-ne-vois-pas-de-quoi-vous-parlez) Quand ça arrive une fois en passant, ça va. 3 fois dans la nuit, ça commence à gonfler et mon « c'est pas grave » s'accompagne d'un sourire crispé et pas très naturel. Au final, ils ont droit à un « la prochaine fois, c'est un gage! »
Vous n'avez besoin de rien d'autre ? Non, merci, ça va. Alors Bonne nuit ! Bonne nuit madame. Vous avancez dans votre tour. Une chambre plus loin, la sonnette retentit. Le patient qui n'avait besoin de rien a subitement besoin que (au choix) vous lui baissiez le dossier du lit, passiez le bassin, grattez le dos, fermiez les volets, donniez quelque chose parce qu'il a subitement mal, racontiez une histoire (non, je déconne!), etc.. Enfin, tout ce que vous auriez pu lui faire quand vous y étiez 5 mn plutôt.
Vous répondez à une sonnette. Faites-moi ci, j'ai besoin de ça, donnez-moi cela, j'ai mal. Et le siouplaît c'est pour qui ???? Et le merki n'en parlons pas !
Vous passez dans une chambre pour votre dernier tour. Vous avez bien dormi ? Oh non, j'ai eu mal toute la nuit !!! Ah bon, mais vous dormiez à chaque fois qu'on est passé ????
Patient dans une situation inconfortable (douleur, inconfort, élimination..) Je ne vous ai pas appelé plutôt parce que (réponses le plus souvent données) : 1) je ne voulais pas vous déranger – ben voyons. 2) je ne voulais pas vous réveiller – euh....on n'est pas payés à dormir nous Madame. 3) je pensais supporter la douleur le plus longtemps possible avant de vous déranger – nous ne décernons pas encore le prix du patient le plus résistant, non Monsieur. 4) j'ai sonné personne n'est venu, c'est inadmissible ! - euh...là, vous n'avez fait qu'allumer la lumière, vous n'avez pas sonné.
Mon mari s'est déperfusé, c'est la première fois qu'on voit ça, c'est inadmissible, comment cela peut-il arriver ?!!! Sic...
Ca fait 3 secondes et demi que j'ai sonné et c'est maintenant que vous arrivez ? Comment se fait-ce ? Demain j'en parle à votre chef ! Faites donc, vous avez tout à fait raison.
Patient(e) trempé d'urine pour la énième fois de la nuit, le bassin a ses côtés. Je vous avais dit et redit de m'appeler pour l'enlever ! Ah, mais je voulais vous aider. Grrr.....
Patient(e) algique (qui a mal, en langage courant). A travers la porte vous n'entendez rien. Dès que vous franchissez la porte vous avez droit à un concert de gémissements, plaintes, aïe aïe aïe à répétition, voire même des cris. Syndrome méditerranéen. Les hommes ne sont pas en reste.
J'ai fait caca. Ben oui, à en voir vos mains, je m'en doute.
Je n'ai vu personne de la nuit, c'est inadmissible ! Ben voui, vous avez dormi toute la nuit.
Sonnette. Chambre double. Que puis-je pour qui ? Patiente bien intentionnée répondant pour sa voisine : elle n'est pas bien, non ? Vous pouvez pas lui baisser sa tête de lit ? Elle n'a pas beaucoup mangé aujourd'hui. Vous ne pouvez pas lui donner quelque chose ? Etc... La patiente concernée n'a même pas le temps d'en placer une.
Vous vous occupez d'une patiente (eh oui, c'est souvent les dames !) la voisine voit bien que vous n'êtes pas disponible mais rien ne l'arrête. Vous me ferez si, pouvez-vous me donner ça, et moi et moi et moi et patati et patata. Euh, madame, merci de me laisser en terminer avec votre voisine, je suis sûre que vous n'apprécieriez pas que je fasse autre chose pendant que je m'occupe de vous. Ah mais je ne vous le demandais pas pour maintenant, ce sera pour quand vous aurez terminé. Ben voyons.
Patient souillé dans son lit. Vous avez déféqué dans votre caleçon !!??!! Fallait nous demander le bassin ! Ben sur le bassin je n'y arrive pas... Grand moment de solitude.
Sonnette. Oui ? Je n'arrive pas à éteindre la lumière. Ben, c'est juste en dessous du bouton de la sonnette, vous voyez le dessin de l'ampoule ? Ben c'est là. Aaaaaaaaaah !
3h du matin. Je n'arrive pas à dormir. Désolée, on ne peut plus rien vous donner à cette heure-ci. Et encore moins sans prescription médicale (patiente gynécologue, elle devrait le savoir) C'est inadmissible de laisser les gens souffrir comme ça, appelez un médecin. Vous êtes dans une clinique madame, y a pas de médecin ni d'interne, juste un réanimateur. Ben appelez-le ! Euh, quelle urgence vitale dois-je lui signaler ?
Patient déperfusé. Euh, ben, j'ai senti un truc qui me gênait, j'ai tiré dessus. Ah ?!
Retour de bloc. Vous restez couché jusqu'à demain. Plus tard dans la nuit : Vous n'avez pas encore fait pipi? Si, si, j'ai été aux toilettes. Hum....
J'ai mal. Voici des antalgiques (comprimés pour la douleur). Merci. 2 heures après, vous trouvez les comprimés au même endroit.
4h du matin. Ca fait 2 jours que je n'ai pas fait caca. Oui, et ? Je peux pas avoir quelque chose ? Euh...on verra ça demain matin, hein ?
Patiente aide-soignante à la veille d'une opération. 3 jours sans selles. Elle vient de s'administrer le lavement qu'on lui a donné et a mal au ventre. Faites quelque chose, je n'arrive pas à faire caca, j'ai un fécalome. Tiens donc !? Gros scandale. Comment, on ose la traiter de mytho ?? Ca va pas se passer comme ça, je souffre, aïe, aïe, aïe, je ne peux même pas me lever de toilettes, j'ai trop mal. Je vais chercher un suppo de glycérine. Je reviens. Ca y est, elle est délivrée. Selles molles, en grosse quantité certes mais bien humides. Eh ben voilà ! Dis-je toute émerveillée par une si belle production. Ben, c'est pas grâce à vous !
Pour le fun : Un homme au téléphone. Mon collègue prend l'appel. C'est notre tour de garder le standard pour la nuit. Euh, on a un souci avec ma copine, on voulait savoir si c'est une urgence. Dites voir et je verrai si je vous passe l'urgentiste. Voilà, nous ne trouvons plus le préservatif, doit-on venir voir le médecin ? Euh, ne quittez pas, je vous passe les Urgences. MDR
Sonnette. Entre-temps, on doit installer un retour de bloc, tous nos bras sont requis. Chose faite, je cours répondre au patient. Ah ben, c'est pas trop tôt, ça fait 20 mn que j'ai sonné, quand même, c'est un monde ! Au moins on peut mourir en paix ici! Bonjour Monsieur, désolée mais nous n'étions pas disponibles pour cause de patient opéré à installer. Oui, c'est ça, c'est toujours la même chose avec vous ! Bon, alors, que puis-je pour vous ? C'est pour me baisser la tête du lit. Ah, en effet, c'est une urgence vitale qui justifie que vous manifestiez ainsi votre impatience – ceci étant dit in petto bien évidemment.

Et pour finir :

Laissez-moi le bassin à côté. Ok. Dans la nuit, sonnette. Le bassin siouplaît. Euh...il est à côté de vous. Oui je sais, vous pouvez me le mettre ? Ah ?! Et l'intérêt de l'avoir à côté ? Au cas où vous tarderiez à venir. No comment.

Voilà pour aujourd'hui ! Promis, je complèterai cette liste prochainement.