Célibataire or not to be ?
Je suis une célibattante. Cela n'a rien d'extraordinaire, je sais. Au début, c'était un malheureux concours de circonstances puis c'est devenu un choix. Mais maintenant, je dois dire que cela redevient un malheureux concours de circonstances.
Avant, je n'avais tout simplement pas le temps de démarrer, développer et entretenir une relation tout en étant en formation. C'est qu'il en faut de l'énergie pour apprendre et retenir et j'en cramais assez à tout faire pour valider les 8 modules qui feraient de moi une AS. Je me disais, étudie, bosse, fais-toi plaisir et après tu verras. Oui, mais maintenant, le après est arrivé et mon lit reste désespérément vide. Enfin, je dirai plus exactement, ma vie. Mon lit se porte bien, merci.
C'est vrai quoi ! quand on a passé des heures et des heures bien calée dans le canapé, la zapette jalousement planquée pour dissuader quiconque de zapper alors que l'on regarde Urgences avec le beau Dr Ross, Grey's Anatomy et son Dr Mamour, Dr House et son mystérieux...Dr House et autres séries médicales américaines, ben on s'attend – un peu – à vivre les mêmes choses en vrai. En plus, de nuit, on s'imagine – c'est beau les rêves – que les esprits sont plus enclins à la romance.
Eh bien, en ce qui me concerne, c'est la désillusion totale....pour l'instant. Non pas que j'aille bosser uniquement pour y trouver l'élu de mon cœur, non quand même, je n'ai pas fait 10 mois d'études pour ça, voyons! Mais bon, on peut joindre l'utile à l'agréable, non ? Avant d'être un « personnel soignant » je suis une FEMME, m....!
Déjà, chez nous, à part le médecin des Urgences, qui est bien souvent une femme, ben y a pas de médecin, la nuit. Il y a bien le réanimateur de garde mais lui, on ne le voit que si on a une urgence vitale, c'est à dire pas souvent. Euh, rechercher l'âme sœur désespérément, ce n'est pas une urgence vitale ???? Il y a bien quelques médecins qui font leurs visites en début de service mais bon, question choix c'est pas le top et puis la bague au doigt me fait plutôt l'effet « Vade retro Satana ! », si vous voyez ce que je veux dire.
De temps en temps, il nous vient un patient qui sort du lot. Alors, celui-là je le bichonne, je ronronne...et je couine le soir où il me demande un lit accompagnant pour sa compagne. « Vous voulez un petit massage – pardon, effleurage – du dos et des fesses, Monsieur ? » « Non, merci, ma femme s'en est chargé » « Ok » répond-je avec un grand sourire sensé masquer mon immense déception. Grrrr !
Mais bon, on ne touche pas aux patients de toute façon. Non, non, non, Madame. Si on veut toucher, on attend, tel un prédateur fixant sa proie, le moment où il franchi la porte de la clinique, son autorisation de sortie dûment signée, en main. Eh ben vi, là, il n'est plus notre patient donc on peut toucher, du moins tenter ;-) - Euh...légalement c'est légal ??
Et parmi mes collègues-masculins-de-nuit-qui-se-comptent-sur-les-doigts-d'une-main ? Pour tout dire, y en a bien un qui... non, tout compte fait, je ne dirai rien sans la présence de mon avocat, na ! Et comme je n'en ai pas....
Comme tout le monde – enfin, je crois – j'ai essayé le net. Je n'ai évidemment pas mis que je travaillais de nuit dont 2 week ends par mois. Mis à part ceux avec qui ça ne colle pas d'office, j'arrive quand même à avoir un bon feeling avec certains. Mais dès qu'ils comprennent qu'entre enfants et boulot, je n'ai pas trop le temps pour avoir une relation suivie, à moins qu'ils n'emménagent dès le premier bisou chez moi, ben, pfuitt! y a plus personne. Bon, faut dire, que je n'y met pas non plus une très grande volonté car je les comprend. Quand on vit en décalage 3 semaines sur 4 par rapport à la majeure partie du monde, il n'est pas évident d'entretenir une relation dite « sérieuse ». En tout cas, c'est que je me dis. « On se voit ce soir ? » « Euh, disons plutôt la semaine prochaine, là c'est ma grande semaine, j'ai du ménage en retard et je dois faire des activités avec mes filles. Tu serais dispo lundi en 8 ? » Vous voyez le genre.
Le problème aussi c'est que depuis que je bosse de nuit, je suis devenue une grosse dormeuse. La marmotte est mon symbole. Si encore je dormais d'une traite, en une fois. Mais non, pensez-vous, moi, j'étale mes périodes de sommeil, je n'y peux rien. Dès que j'ouvre un œil, je ne peux plus le refermer; alors je me lève; mais dès que je me lève, là, c'est douce torpeur et flémingite aigüe, 1h après, il faut que je referme les yeux. Au final, j'ai l'impression de dormir tout le temps. Bon, sauf quand j'ai des trucs à faire, évidemment: là, je lutte pour me maintenir éveillée, puis ça passe. En général, je redeviens « normale » à partir de mon 2ème jour de repos. Avec ça, comment voulez-vous que je trouve quelqu'un ??? Je vous le demande.
Chouchou, mon collègue AS, me dit qu'il faudrait qu'on crée un site de rencontres pour personnes travaillant de nuit. Il a peut-être raison, ça pourrait marcher. C'est une idée à creuser en tout cas. Remarques, il doit bien exister des forums sur ce thème, il en existe de toutes sortes maintenant et sont en général bien utiles. Chouchou, on va s'en trouver un !
Finalement, je me dis que j'aurai mieux fait de me trouver un compagnon avant de trouver un boulot. Il y aurait eu des discussions et des négociations pour lui faire accepter mon choix mais au moins il aurait déjà été là. Je saurai quoi faire lors de ma prochaine reconversion ;-)
Et vous, dites-moi, cela a-t-il été difficile de faire accepter votre choix de travailler la nuit à votre compagnon/compagne (je devrais ouvrir un forum à ce sujet tiens !) ? L'avez-vous rencontré(e) avant de commencer à travailler de nuit ou bien pendant ? Fait-il partie du corps médicale ?
Tout, tout, tout, je veux tout savoir, alors à vos claviers !