S'il vous plaît, j'ai envie..
Pour ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un hôpital et qui n'ont jamais regarder d'épisodes d'Urgences, Grey's Anatomy, Dr House et Cie, il existe une question existentielle qui est : quand on est alité, comment on fait pour faire pipi et surtout caca ?
La réponse la plus courte serait de dire Ben vous faites sur vous et la gentille aide-soignante changera les draps. Mais, effectivement, ce serait trop simple.
Pour les patients qui ont à vivre leur première hospitalisation avec lit strict, il est souvent difficile de poser la question concernant l'élimination de leurs besoins. Donc, systématiquement, on leur simplifie la tâche en leur expliquant la manière de procéder et le matériel à leur disposition dès leur arrivée.
Pour la petite commission, pas de souci.
Pour la grosse commission, en général, ça coince. Ca passe par celui ou celle qui annonce d'un ton péremptoire « Jamais je ne ferai là-dedans » à celui ou celle qui part d'emblée pessimiste« Je ne pourrai jamais faire ça couché » ou « J'aurai trop mal, je ne pourrai jamais me percher là-dessus » Et commence alors la politique de la résistance. Jusqu'à ce qu'ils nous demandent, gémissant, à 2h du matin, quelque chose pour aller à la selle car ils ont mal au ventre.
A cela s'ajoute la Honte. Ah, quel affreux sentiment ! Pour ceux qui sont en chambre double, il y a la honte de faire subir au voisin les effluves pestilentielles qui ne manqueront pas de se répandre ainsi que les bruits intempestifs qui les trahiront dans leur besogne inavouable qui est celle, tout à fait naturelle, de se vider les intestins. Eh oui, faire popo est un moment de solitude que l'on n'aimerait partager pour rien au monde. Souvent, ils nous rendent le bassin avec un flot d'excuses, tout honteux et désolés de nous infliger une telle infamie. Une fois, ça va, c'est mignon. Mais à chaque émission de selles, ça devient lourd.
Quand certains patients nous sonnent pour une grosse envie pressante, ils s'excusent – eh oui, à ce moment-là aussi – puis ils tentent d'abord de voir s'il n'est pas possible de les lever pour aller aux toilettes. Il y en a qui ne demandent rien, se lèvent et font leur petite affaire en douce. Bon, ok, ils ne devaient se lever que le lendemain mais bon, s'ils se cassent la gueule ce sera pour qui ??? Bref, on leur remonte un peu les bretelles mais au final ils font ce qu'ils veulent, z'auront qu'à assumer, crotte !
Donc, pour les soucis d'élimination, nous avons tout un matériel logistique à notre disposition, outre la traditonnelle alèse que nous leur mettons sous les fesses.
Pour les femmes, il y a le bassin , et l'urinal . Celui ou celle qui a pondu se truc n'a jamais dû se mettre dans la peau d'une femme et se retrouver allongée pour essayer de pisser dedans. On s'en fout partout ! Debout, par contre, ça marche bien. Mais bon, nous, nos patientes sont alitées donc.....
Pour les hommes, il y a le bassin, l'urinal/pistolet et l'étui pénien/pénilex . Kézako ? Une sorte de préservatif relié à un tuyau relié à une poche collectrice des urines.
Pour les personnes incontinentes - eh oui, il n' ya pas que les bébés qui n'arrivent pas à contrôler leurs sphincters - nous avons différents type de changes/couches.
- La petite bambinette pour les petites fuites
- La grande bambinette pour les accidents occasionnels
- La couche-culotte pour les patients autonomes et incontinents légers
- La couche pour les incontinents urinaires et/ou fécaux
Donc, au final, no soucy, que vous le vouliez ou non, vous ferez pipi et caca. Ben oui, faut bien que ça sorte un jour ! Vous ferez fi de votre dignité, de votre honte et autres réticences. Vous nous pèterez à la figure, vous partagerez l'odeur de vos pets avec votre voisin de chambre. Il vous arrivera de vous faire pipi dessus, voire pire. Nous vous verrons comme même votre propre conjoint ne vous aura vu, c'est à dire, en train d'ELIMINER.
Eh oui, notre job nous place dans une position privilégiée, n'est-ce pas ?